









ORIGINE DU NOM DE LIERNEUX
Endroit sur la rivière bouillonnante.
QUELQUES TRAITS D’HISTOIRE
Symètre, ce saint si étroitement lié à l’histoire de la paroisse primitive de Lierneux, fut martyrisé à Rome en 159. Certains auteurs l’ont fait naître à Lierneux, prétendant qu’il était le fils d’un riche propriétaire gallo-romain, mais il s’agit, sans doute, de récits apocryphes destinés à colorer la réalité.
Probablement, les reliques du martyr romain auront été offertes, à la fin du 7ème siècle, par l’évêque Babolin, abbé de Stavelot, à l’église de Lierneux dont il serait le fondateur.
Cependant, la première mention concernant l’église de Lierneux ne remonte qu’à 862. Une chapelle – CUM CAPELLO – est citée comme appartenant au domaine de Lierneux VILLA NUNCUPANTE LERNOU.
L’absence de sources écrites, ne doit pas nous faire négliger la probabilité d’habitats gallo-romains, voire pré-romains.
La découverte en 1974, d’un éclat de silex taillé sur le site médiéval d’Ecdoval (Lisière du bois de Groumont à Lierneux), même si elle paraît trop isolée et limitée dans l’espace, devrait nous faire réfléchir à la possibilité de telles implantations à l’époque néolithique.
D’autre part, les fouilles effectuées en 1976 aux fortifications du GROS-THIERS à Salmchâteau ont conclu à l’existence d’un site datant du second âge du fer (entre 470 et le début de notre ère)
Dès lors Lierneux pourrait avoir abrité une villa ou domaine gallo-romain ?
Dans l’affirmative, le cimetière découvert en lieu-dit PESAY (Provèdroux) serait situé aux limites du domaine gallo-romain qui coïncideraient avec celles de la Commune de Lierneux d’avant la fusion.
Ce cimetière n’a livré que quelques instruments en fer, des urnes cinéraires, des poteries. On croit, vu la pauvreté du mobilier recueilli, être en présence de tombes de carriers.
A l’époque mérovingienne, Lierneux-Bihain fut le siège d’une villa royale et d’un fisc. On parle même – mais quant à nous, nous seront plus nuancé – d’un cimetière franc découvert non loin du village de Bihain en 1904. Toujours est-il qu’on découvrit en 1849, 1/3 de sol d’or d’un des rois mérovingiens sur le territoire de cette commune.
C’est vers le milieu du 7ème siècle que Sigebert III, roi d’Austrasie (633-656), donne à Saint-Remacle un territoire correspondant plus ou moins aux bassins de la Warche et de l’Amblève. Ce Remacle, vraisemblablement d’origine aquitaine fut moine à Luxeuil – dans les Vosges-avant que de s’installer à Stavelot, dans les environs de laquelle il mourut vers (670-679)
En 670, Childéric II, roi d’Austrasie, confirme la donation de Sigebert, mais enlève à l’abbaye le domaine de Lierneux.
En 747, Carloman, maire du Palais, sous le règne de CHILDERIC III (743-751) restitue à Anglinus, abbé de Stavelot-Malmedy, le village de Lierneux avec ses dépendances dont Bra.
En 862, nouvelle confirmation du roi Lothaire II qui décrit le domaine de Lierneux comme composé de 46 manses, d’une chapelle et d’une manse seigneuriale (In qua sunt mansa quadraginta sex cum capello et manso dominicato…) en plus de Bra dans laquelle deux manses sont recensées.
Lierneux qui comme tout le pays de Stavelot se relève difficilement de l’invasion des Normands de 883 auxquels Halkin attribue la diminution du nombre de manse.
En 1130, l’église de Lierneux est à la collation de Stavelot et doit une charrette de vin à l’abbaye.
Le recensement de 1365 cite Lierneux et ses dépendances, Lansival, Jevigné, Baneux, Ecdoval, Hierlot, Vaux, Sart, Verleumont, Reharmont, Brux, Chèvremont, Sart, La Falize, Odrimont. Deux de ces établissements disparurent avant 1524, car ils ne sont plus cités à cette date. Ce sont Chèvremont, entre Lierneux et La Falize et Vaux, village situé sur la Lienne, près du pont de Chailles. A Chèvremont, en surface, nous avons trouvé quelques tessons de céramique du type Andenne. En lieu-dit Ham des vais, derrière La Chapelle, nous avons découvert une tombe d’enfant datant probablement de la première moitié du 14ème siècle. A Ecdoval, à la lisière du bois de Groumont, nous avons recueilli plusieurs milliers de tessons, deux fusaïoles, preuves d’une occupation très active du site, sans doute postérieur à celui de La Chapelle.
Ces deux établissements ne sont pas renseignés dans le recensement de 1365. Du moins le site du HAM DES VAIS, car pour Ecdoval nous éprouvons quelques difficultés à localiser ce lieu de manière précise. S’agit-il de l’actuel moulin Bechoux qui fut toujours appelé le moulin d’Ecdoval sous l’ancien-régime ou du site archéologique situé à quelques centaines de mètres de là ? Auquel des deux points se rapport de document de 1365.
Ainsi aux 7ème siècle et 13ème siècle, Lierneux et Bra paraissent définitivement intégrés au domaine de Saint Remacle. C’est fini de ces incessants bouleversements dû aux donations, rétrocessions, échanges ordonnés par les souverains mérovingiens et carolingiens.
Dès lors, les chapitres de Stavelot et de Malmedy auront tout loisir de se disputer la primauté pour le gouvernement de la principauté. Cette sourde querelle, indissociablement liée à l’histoire de la principauté et ce jusqu’à la disparition de celle-ci en 1794 – atteindra un des sommets en 1071. Date à laquelle, l’empereur Henri IV réunit les deux monastères sous la direction d’un même abbé, consacrant ainsi la prédominance de Stavelot. C’est en souvenir de ce jour que chaque année, le 9 mai les paroissiens de Lierneux et d’Ottré se rendaient en procession à Stavelot pour y accompagner les reliques de Saint-Symètre. En 1696, au moins une personne par maison était tenue d’accompagner la procession. Pittoresque procession où les joueurs de violon se mêlaient aux pèlerins et pour laquelle les mambours de l’église de Lierneux avaient coutume de payer une tonne de bière que les pèlerins buvaient à l’étape de Trois-Ponts.
Il arrivait que, suite aux guerres, la procession se trouvât dans l’impossibilité de se rendre à Stavelot. C’est ainsi qu’en 1578, le curé de Lierneux, Henry de Nouville, alias de Huart, écrit au Prieur de Stavelot que vu le temps et chemin sont plus asseurez qu’à pnt car les reyters (reîtres) que scavez estre en allemainge par leurs coursaiges et pilleries q journellement ne cesset à faire la procession ne pourrait se rendre à Stavelot.
Au 16ème siècle, les institutions locales sont établies. Le Ban de Lierneux, en 1524, est composé des villages de Lierneux, Baneux, Oultregée (=jevigné+Lansival), Herlo, Odrymont, La Vaul, Fallize, Le Bru, Verlemont, Julevaul (=Joubièval), Le Sart. Le tout groupe 148 feux. En 1544, le Ban de Lierneux s’accroît, d’une manière assez étrange, de soixante feux. On y retrouve les hameaux de Provèdroux et de Reharmont qui avaient été omis vingt ans plus tôt.
De cette principauté de Stavelot-Malmedy dont Lierneux et Bra font partie, l’Abbé est à la fois souverain et seigneur hautain. Celle-ci est divisée en trois grandes unités administratives. La châtellenie de Logne, les deux postelleries de Malmedy et de Stavelot. Lierneux et Bra relèvent de cette dernière. Lierneux constitue la communauté la plus importante de cette postellerie directement après Stavelot.
Le mayeur, représentant du Prince, siège à la Cour de justice composée de sept échevins. Cette cour fait office de tribunal subalterne et, jusqu’à la fin du 17ème siècle, est seule compétente pour établir l’assiette des tailles, un impôt foncier le seul impôt d’Etat qui existait alors.
Les échevins sont, théoriquement, choisis par le Prince-abbé.
En 1620, Pierre Huart reçoit en viagère de Ferdinand de Bavière, administrateur de Stavelot- Malmedy, les terres de seigneurie du ban de Lierneux avec juridiction, haute, moyenne et basse, revenus, chasse, pêche, amende, etc…Mais en 1636, Lierneux sera rendu à la manse abbatiale.
Cependant les descendants de Pierre Huart lui succèderont, tous dans sa charge de mayeur jusqu’à la fin du siècle. Il s’agit de Pierre Huart, de Pierre-Emmanuel Huart (1663-1687) Au 18ème siècle, la mayeurie de Lierneux a cessé d’être aux mains d’une seule famille, s’y succèdent les de Flamige, Delvaux, Chalon, Poncelet, Lemasson…
Plus tard, les Lorrains se forgeront une triste réputation, amplement justifiée. En 1651, les soldats du colonel Valentin tuent trois hommes du village de Baneux. En 1657, les Lorrains pillent Lierneux.
Décidément ce 17ème siècle est un temps impitoyable. Les troupes ne cessent de parcourir le territoire de la Principauté pourtant neutre. En juillet 1696, Monsieur d’Harcourt délaissent les galeries de Versailles réquisitionne douze charrettes qu’il faut mener à Houffalize.
La liste des armées serait trop longue à détailler, disons qu’elle diminue progressivement au cours des premières décennies du 18ème siècle, qu’elle connaît une brève poussée lors de la guerre de sept ans qui opposa la France et l’Autriche à la Prusse. En 1759, le régiment de Saint-Aldegonde loge à Lierneux.
Suit une longue accalmie qui n’est troublée que par l’arrivée des troupes Républicaines. Elle est précédée par des troubles graves qui opposent le dernier Prince-Abbé Célestin Thys aux communautés villageoises de la Principauté.
A Lierneux, on semble plus tiède qu’à Bra. On y paraît plus enclin au compromis ou à l’indifférence.
Déjà le 2 mai 1790, la communauté de Lierneux adhérait à la convention projetée par le Prince-Abbé, ses deux chapitres et les magistrats et les bourgeoisies de Stavelot et de Malmedy. Cette convention fut conclue sur base de la déclaration du 19 avril 1790 du Prince-abbé par laquelle celui-ci abolissait certains droits seigneuriaux dont la dîme des biens mouvants en fief.
Bra y assiste et sa population ne semble pas dans sa majorité opposée à l’annexion à la France. Cependant le 1er janvier 1793, trente-sept manants (soit 17% des chefs de ménage osent protester contre le projet d’annexion.
En 1826, le conseil communal de Lierneux édicte des arrêtés dignes des anciens Prince-Abbés. Les cabarets doivent fermer à 9 heures du soir en hiver, à 10 heures en été. La fermeture est annoncée par les cloches de l’église de Lierneux et les cabaretiers ont expressément empêché de servir les clients pendant les offices divins.
Bien sûr ce 19ème siècle est fortement modelé par les événements important : la révolution, le machinisme, le régime parlementaire, mais cette époque est encore celle des notables. Sur les 2033 habitants que compte Lierneux en 1845, 88 détiennent le droit de vote aux élections communales, 12 aux élections provinciales, 11 aux législatives.
C’est dire que les transformations s’opèrent lentement surtout en Ardenne et qu’il n’y a pas coupure brutale entre les modes de vie des 18ème et 19ème siècle.